Nouveau livre fin du mois. "Aimer le vin"

Aimer le vin. Nouveau livre fin du mois en librairie. Le livre est consacré à la famille Pirard, famille belge de négociants en vins depuis 75 ans. Un des plus beaux portefeuilles de Belgique, une Maison à l’ancienne, une maison comme on les aime. J’ai accompagné chez les vignerons Simon et Emmanuel Pirard avec qui j’ai appris à « aimer »  le vin. J’en connaissais un peu, j’en connais beaucoup plus. Chez les vignerons, on mangeait, on dégustait, on goûtait. Voici un extrait, au Domaine Rousseau, domaine historique de Bourgogne, à Gevrey Chambertin. Un beau projet raconté en 368 pages. Sortie du livre le 23. 

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4 Septembre. Au Domaine Rousseau. Avec Eric Rousseau, en cave, à évoquer le passage des générations. Eric a raconté combien chaque génération est arrivée avec ses idées et ses envies. Lui a intégré la vendange verte. Sa fille, aujourd’hui à ses côtés, s’intéresse à la biodynamie. On a parlé de la mentalité bourguignonne, plutôt taiseuse, mais pourtant toujours prête à célébrer la vie dans ce qu’elle a de meilleur dès que l’occasion se présente.

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(…)

Eric Rousseau

Chaque génération a apporté sa touche. Mon grand-père, c’est la mise en bouteille et l’exportation vers les Etats-Unis, l’Angleterre et la Suisse. Il a eu la chance de rencontrer des importateurs américains à la recherche de vins de producteurs. La renaissance de la Bourgogne, c’est grâce à eux… Mon père en a ensuite profité en agrandissant la propriété. Quand je suis arrivé en 82, le travail à la vigne a été revu. On a commencé à se poser pas mal de questions sur la mécanisation, les engrais, la vie dans les sols et la qualité des vins. Aujourd’hui, on a doit faire avec le réchauffement climatique. Ce n’est pas qu’une mauvaise chose pour nous… L’ensoleillement est plus marqué. Les très mauvaises années n’existent plus. Même si le climat est compliqué, le réchauffement a apporté un plus sur qualité de  notre vin. Cette année (2016) est difficile : 80% de perte sur Chambertin ! Sur le Clos Saint-Jacques, entre 20 et 30% de perte. Par contre, le Clos de Béze n’a pas été touché. C’est comme ça ! Mais on a vu pire ! En 81, on a fait à peine 80 pièces sur 12 hectares. On fera le double cette année. Et si 81 avait été un millésime difficile, on s’est rattrapé l’année suivante, en 82, avec 300 pièces. On doit vivre avec ce que donne la météo, ce n’est pas plus compliqué  que ça.

Emmanuel Pirard

Vous dites souvent que rien n’a changé chez Rousseau… Et c’est vrai, quand je vois votre bureau, la cave, je me souviens être venu ici adolescent, c’était déjà ainsi. Mais vous ne pouvez pas dire que vous faites du vin comme il y a trente ans ?

Eric Rousseau

Certains gestes sont un peu différents. On maîtrise mieux les rendements. C’est avec ma génération que l’on a commencé à faire des vendanges vertes en Bourgogne. Mon père ne voulait pas en entendre parler. Il était contre. Complètement contre ! Pour lui, c’était jeter du raisin. Il lui a fallu quelques vendanges pour l’accepter. 

Simon Pirard

Mais pourquoi cette vendange verte est-elle apparue ?

Eric Rousseau

Elle n’était pas nécessaire autrefois. Mais avec la chimie et autres gestes posés dans les années 70, la vigne donnait trop de raisin. La vendange verte, c’est écarter du raisin. Limiter à 7, 8 grappes sur le pied au lieu de 15 ou 20. Résultat : c’est plus qualitatif. 

Emmanuel Pirard

En quoi ?

Eric Rousseau

On a moins de raisins au final, mais la maturité est meilleure. Autrefois, on gardait tout le raisin, puis on triait à la vendange. Aujourd’hui, on écarte le moins beau plus tôt, puis on recueille tout. J’ai préféré aussi l’effeuillage. Je suis également revenu à un travail plus mécanique du sol sans utilisation d’insecticides ou de compléments chimiques. On est plutôt en agriculture raisonnée. On fait attention. On ne s’occupe que du mildiou ou de l’oïdium si on doit traiter. On ne traite qu’en dernier recours. Et maintenant, ma fille me parle de biodynamie. Je n’y crois pas trop, mais je la laisse faire. Avec mon père, c’était hors de question d’essayer quoi que ce soit. Je devais agir en cachette. Je laisse ma fille essayer des choses sur certaines parcelles. J’attends les résultats. On avance doucement. On verra, mais le style reste identique à celui des anciens. Je fais du vin comme le faisaient mon père et mon grand-père. Ce que je l’on a toujours cherché chez Rousseau, c’est de bien distinguer les terroirs. On intervient dès lors très peu pendant la vinification. On respecte aussi les millésimes. 

 

(…) à suivre…

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