A Cozinha do Joaquim, sur la Première!

Demain samedi 5, j'accompagnerai Joaquim Braz, le créateur du Forcado, à l'émission Bientôt à table, de Sophie Moens et Carlo De Pascale. On a parlera de notre ouvrage, A Cozinha do Joaquim, ouvrage sur son histoire et ses liens avec la gastronomie populaire portugaise qu'il a toujours défendue. Le livre est le 1er tome d'une recherche que je mène sur les liens entre immigration et gastronomie. L'Italie suivra. Mais bref, dans le bouquin, Joaquim évoque les quartiers populaires de Lisbonne où il a passé son enfance, sa fuite, sa vie de réfugié, puis Bruxelles qui l'a accueilli et où il a commencé en travaillant dans divers restaurants dans le quartier de la Grand Place, avant d'ouvrir le Forcado, un des rares restaurants portugais de la capitale, reconnu dans les années 80 comme un des meilleurs restaurants portugais en Europe. Depuis, il a ouvert ses pâtisseries que son fils Joaquim Jr développe. Pour le livre, nous sommes partis ensemble à Lisbonne, à Barreiro et Lavradio, quartier des bords du Tage. Le bouquin reprend une cinquantaine de recettes. Les photos sont de @cici Olsson. Le livre est en vente en librairies et sur le site de Sh-opeditions/ www.sh-opeditions.

Forcado Joaquim 1

Extrait 1


Au tournant des années 1970, la situation est devenue de plus en plus difficile, et plus particulièrement pour les jeunes hommes en âge de faire leur service militaire. Ceux qui étaient suspectés par le pouvoir de tendances révolutionnaires ou liés à des familles comme la mienne étaient envoyés dans les colonies pour aller se battre contre les Indépendantistes. Des milliers de jeunes s’y sont fait tuer. C’était dramatique. J’étais évidemment contre ces guerres comme la majorité de la population. Même au sein de l’armé, il y avait de la contestation. Il était hors de question que j’aille me battre à l’autre bout du monde pour des idées et des valeurs que je combattais. Comme beaucoup d’autres jeunes de mon âge, j’ai alors pensé à fuir. Mon cousin Adriano, le fils du frère de mon père, s’était réfugié à Bruxelles pour les mêmes raisons. Il m’a écrit pour me dire comment m’y prendre pour le retrouver. Je suis parti avec un copain le 9 août 1971. Seule ma mère était au courant. J’avais un peu d’argent car elle m’avait donné des économies qu’elle avait gagnées avec des voisines à la loterie. Mon père ne savait rien. Deux amis nous ont accompagnés à Viseu. On a continué jusqu’à Guarda, puis on a pris un taxi pour la frontière. On a attendu la nuit et on a traversé. On a marché jusqu’à Fuentes de Oñoro, où on a pris un train jusqu’à Irun. On a essayé de passer la frontière entre l’Espagne et la France le 17 août, mais les douaniers français nous ont refoulés. Les Espagnols ne savaient que faire de nous. Ils nous ont donc laissés libres. On a traversé la frontière à travers les Pyrénées, clandestinement. Puis on a fait du stop. Une dame nous a emmenés jusqu’à Bayonne en 2 CV. On n’osait pas lui dire que l’on était Portugais. On se faisait passer pour des Sud-Africains. À Bayonne, on a pris le train pour Paris. J’y avais le contact du frère d’un des amis qui nous avait accompagnés à travers le Portugal. Ce contact vivait près du boulevard Pereire. On a été le voir, mais il n’avait pas de place pour nous. Un de ses amis nous a hébergés dans un studio du côté de la porte de Clignancourt. Un camarade. Avant de dormir, je me souviens qu’on lisait ensemble des passages du Petit Livre rouge de Mao Tsé-toung.


Il me fallait des papiers. Je me suis renseigné pour obtenir le statut de réfugié. Je me suis rendu dans un centre d’accueil où il y avait surtout des Nord-Africains. Je ne parlais pas un mot de français. J’ai demandé pour travailler. Une employée m’a expliqué que l’on embauchait dans le secteur du bâtiment. Je voulais bien tout faire, mais pas le bâtiment ! Elle m’a alors conseillé de monter vers la Belgique, où ce serait plus simple. On a fait du stop vers Bruxelles. On a été embarqués dans une Mercédès, puis dans une Citroën qui nous a déposés près de la basilique de Koekelberg. On a trouvé le domicile de mon cousin, qui vivait dans la commune, mais il était absent. On est entré dans un snack, où on a attendu. À la tombée de la nuit, il n’était toujours pas là... On s’est cachés dans un jardin du quartier, où on a dormi comme on a pu. On a compris en nous éveillant que nous étions dans le jardin du poste de police du quartier ! On s’est de nouveau rendus chez mon cousin. Toujours personne... J’ai laissé un mot pour le prévenir que j’allais chercher du travail du côté de la gare du Nord où, m’avait-on dit, je pouvais trouver un petit boulot pour la journée.

Forcado Recettes 1 Cici

Arroz de marisco (4 p.)

Ingrédients

400 g de riz
250 g de moules
250 g de crevettes crues
250 g de coques
250 g de palourdes
100 g de chair de tourteau
1 boîte de bisque de homard
1,5 dl d’huile d’olive
1 bouquet de coriandre fraîche
La chair de 2 tomates
1 oignon moyen
2 dl de vin blanc sec
1,5 l d’eau
Sel, poivre & piri-piri

Mise en place

- Dans une casserole, cuire les palourdes, les coques, les moules et les crevettes avec les têtes dans 1,5 litre d’eau et 1cuillère à soupe de sel.
- Quand les coquillages sont ouverts, passer le tout par une écumoire. Réserver le bouillon.
- Nettoyer les crevettes en gardant la peau et les têtes dans un bol.
- Nettoyer les coquillages.
- Écraser les têtes de crevettes et la peau dans un peu de jus de cuisson.
- Filtrer ce jus et réserver.
- Faire cuire le riz dans le bouillon des crustacés.

Préparation

- Faire revenir un oignon finement émincé à l’huile d’olive.
- Laisser suer l’oignon.
- Ajouter un ½ bouquet de coriandre fraîche.
- Mélanger, puis ajouter les gambas crues. Laisser cuire 2 à 3 minutes.
- Ajouter la chair des tomates. Laisser confire. Ajouter 2 cuillères à soupe de bisque de homard et mélanger.
- Ajouter le vin blanc et mélanger.
- Ajouter le reste des crustacés et retirer la coriandre.
- Ajouter environ 2 décilitres de jus de cuisson des crevettes. Laisser cuire 2 minutes.
- Ajouter le riz préalablement cuit et laisser encore cuire 2 à 3 minutes tout en mélangeant, puis ajouter le reste de coriandre. Laisser mijoter un peu.
- Saler, poivrer et ajouter du piri-piri selon goût.
La préparation doit être servie un peu « mouillée ».

A Cozinha Da Joaquim