Triste nouvelle

Thomas Carton, patron de Pin Pon, s’en est allé.

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On l’a connu au Psylophone, une table de quartier, sympathique, que l’on retrouvait le dimanche soir à Boitsfort. Il était là, le regard bleu, tranquille, accueillant. Mais son rêve était ailleurs. Son rêve, c’était une ancienne caserne de pompiers, place du Jeu de Balle, qu’il voulait transformer en cantine café restaurant. Un endroit différent, dans un quartier plutôt délaissé, où ses potes pourraient retrouver tout ce que la ville connaît comme gourmands et fêtards. Il a écrit le projet, l’a défendu, l’a construit. En 2013, il ouvrait son Pin Pon. Côté cuisine, c’était du beau produit, et des énoncés d’inspiration contemporaine genre Œuf cocotte, brie, cèpes et châtaigne, servi avec mouillettes. Pommes de terre & poutargue. Saint-Jacques, purée au citron, échine de porc. Des assiettes plutôt bien torchées, accessibles, servies avec les canons naturels et des bières artisanales. C’était bien, sympa, avec une grande terrasse, les longues soirées d’été et le bal du 21 juillet. Un projet ambitieux, prometteur, mais dont on s’est assez rapidement rendu qu’il ne répondait peut-être pas aux besoins du quartier.

Peu importe. Thomas y a toujours cru, portant ce gros bateau à bout de bras, ne lâchant rien, n’écoutant que lui, confiant dans son rêve. Peut-être trop. Avec de nouveaux associés, il y a quelques mois, il avait fait évoluer les choses vers une « une friture 2.0 », comme il disait... La carte annonçait de "vraies" frites, du fish & ships, une croquette de crevettes grises ou une mitraillette à la joue de bœuf... Des bières et des vins de copains, comme toujours. L’idée semblait bonne, plus en phase avec les attentes d’un quartier populaire et touristique. On l’a revu confiant. Pas vraiment serein, mais confiant. On pensait qu’il était entouré, soutenu. On se trompait. Son regard, sa délicatesse, sa gentillesse, oui, son extrême gentillesse, manqueront.