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Très beau livre que ce Recettes pour un ami de Raymond Oliver, illustré par Jean Cocteau, témoignage de la cuisine d’une certaine époque – les années 50 – et d'une admiration réciproque entre un cuisinier, Raymond Oliver, chef du Grand Véfour, célèbre restaurant du quartier du Palais Royal, à Paris, et le poète Cocteau, son voisin, client régulier. L’ouvrage fut été édité une première fois en 1964, une édition sublimissime, aujourd’hui introuvable, imprimée sur des torchons de cuisine, par la Galerie Jean Giraudoux. L’édition nouvelle, aux éditions de l’Epure, est également superbe. Ecrit par Oliver, le livre témoigne étrangement de l’admiration mutuelle et sincère que se portaient l’un pour l’autre le poète et le chef. On y découvre une soixantaine de recettes, très bien écrites, proches du conte et du poème. Le poète, parfois accompagné à table de Colette, n’était pas le plus simple à satisfaire, mais avait du goût. Il était grand amateur de potages, notamment de nids d’hirondelles ou de soupe à la tortue, un chair rarissime que le chef lui dénichait à Londres. La soupe aux huîtres dont il donne la recette semble une merveille. Il y a aussi le Homard Orphée, une palombe flambée que l’on rêve de goûter, des cèpes au citron et des coquilles Saint-Jacques que le chef conseille de mettre sur un plat en pyrex, à four vif, sans rien. SANS RIEN !, insiste-t-il. Ni sel, ni poivre, ni huile, ni beurre, RIEN… Juste une noisette de beurre frais dans l’assiette. Des gens qui savaient. C’était une époque, écrit un confrère, C’était l’époque où l’image de la cuisine pouvait être savante sans être pédante, donner à entrevoir le savoir d’un chef sans le statufier dans le star-system qu’est devenue la bouffe où cuisiniers, pâtissiers sont adulés comme des footeux étoilés. Un livre qui ouvre l’imagination et donne l’envie de faire.