Le Goût d’Emma

Le livre témoigne du parcours initiatique d'Emmanuelle Maisonneuve, une passionnée de cuisine, devenue la première inspectrice au Guide Michelin. À 30 ans, Emma réalise un rêve d'enfant en intégrant l'équipe des inspecteurs du Guide Michelin. Elle partage dans le livre ses impressions et ses premières expériences sur les routes de France. Présentée sous forme de manga,la démarche associe une équipe d'auteurs françaises au scénario et Kan Takahama, une mangaka célèbre. Une réussite.

Livre Couverture Le Gout D Emma

Le Goût d’Emma raconte les aventures d’Emmanuelle Maisonneuve, passionnée de cuisine, première femme intégrée au groupe des inspecteurs au sein du Guide Michelin. Elle y a travaillé quatre ans, s’enfilant seule jusqu’à neuf repas la semaine, passant ses journées à visiter à la chaîne les établissements référencés par le guide un peu partout en France. On s’en doute, ce n’est pas toujours très folichon, mais jamais les difficultés vécues au quotidien ne remettent en cause une réelle passion pour la cuisine. La jeune femme ne trouve que rarement l’occasion de découvrir les tables dont elle rêvait car les anciens inspecteurs se réservent les meilleures maisons alors que les jeunes maisons émergentes et créatives de l’époque ne font pas partie des adresses à visiter. On sent la jeune Emma prendre beaucoup de plaisir dans l’avant dernier chapitre, où elle découvre par le biais d’une passionnée de vieux vinaigre comme elle, une table et d’un chef qui semblent beaucoup plus proche de la cuisine défendue par un guide comme Omnivore ou Le Fooding. Formée à la réflexion autour du bien manger par Michel Bras, on sent chez elle une profonde curiosité, des envies de découvertes et un palais affuté, ce que semblent comprendre rapidement les inspecteurs du Michelin chargé de sa formation.

En plus des visites et des expériences, le livre évoque les coulisses de Guide rouge, on monde un soi, que gèrent des gars apparemment habités par une mission, qui se prennent au sérieux et ne rigolent pas souvent… Cet engagement et l’écoute grandissante que la jeune fille semble obtenir dans les différentes réunions qu’elle relate témoignent discrètement d’un évolution au sein de l’institution. Lors d’une réunion où les tables présentées sont susceptibles d’être récompensées d’une étoile, la jeune fille présente ce chef passionné de produit découvert dans le sud, puis se montre surprise d’entendre son supérieur prendre acte d’un choix « séduisant » et d’ajouter « qu’il s’y rendrait pour tester ». On aimerait parfois en avoir un peu plus sous la dent, notamment dans ce chapitre consacré au Japon, une autre passion pour la jeune fille, traité de manière plutôt anecdotique. Une autre faiblesse du livre touche à sa relation avec son ancien petit copain dont on n’a strictement rien à foutre. On se demande aussi comment Michelin a ou va réagir, lui qui avait mal pris il y a un dizaine d’années la publication de l’Inspecteur se met à table, un récit pourtant pas bien méchant également rédigé par un ancien de la maison. L’institution n’en prend d’ailleurs pas pour son grade. Si les inspecteurs et ses supérieurs n’apparaissent au début pas vraiment comme de joyeux lurons, on sent au travers des questions que ceux-ci posent et l’écolage qu’elle reçoit, un réel souci de faire les choses avec sérieux et honnêteté. On referme ce livre avec l’envie d’en savoir plus. Une suite, sans doute…

Le Goût d’Emma. LES ARÈNES BD, 2018. 18€