Breaking news ! Philippe Limbourg quitte Gault&Millau

La nouvelle ne surprend qu’à moitié. Les observateurs du milieu savaient le directeur de l’institution culinaire « sur les rotules », épuisé par une tâche qu’il a toujours accompli avec gourmandise, rigueur et honnêteté. Il y a quelques mois, il avait déjà failli remettre son tablier. C’est tout, sauf une bonne nouvelle pour la gastronomie Wallonne, surtout du côté des jeunes, que Philippe avait le nez fin à découvrir. D’autres horizons s’ouvrent à lui, toujours, et plus que jamais autour de belles tables.

Portrait Belgique Philippe Limbourg

Sur les routes du matin au soir, avec régulièrement deux tables au menu, l’une le midi, l’autre le soir, puis, bien souvent, une trentaine de pages du prochain guide à corriger pour la soirée, il ne pouvait que jeter un jour le gant. Philippe était, à ma connaissance, le seul wallon dans l’équipe dirigeante du G&M, et ne sera pas remplacé, si on en croit le communiqué de presse. C'est regrettable. 

C’est même une perte pour la gastronomie bruxelloise et wallonne, surtout la jeune gastronomie wallonne. Si on peut croire que les maisons déjà reconnues par G&M resteront dans les habitudes d'une direction 100% flamande, on se demande qui fera demain ce travail pointu de recherches que Philippe savait faire. Non seulement, il découvrait, mais il était aussi de ceux qui partageaient ses secrets. On lui doit la découverte de maisons comme L’Air de Rien, à Esneux, Le Délice du Jour, à Gerpinnes, le restaurant Ugo, à La Louvière, ou le merveilleux Little Paris, à Waterloo, pour n’en citer que quatre qu’il fut le premier à évoquer et défendre au niveau national. Ces choix éditoriaux quant au « Chef de l’année » ou au « Sommelier de l’année », même s’il devait respecter une sorte d’équilibre entre Flandre et Wallonie, ont fait preuve d’audace, récompensant, par exemple, un Christophe Hardiquest (Bon Bon) du titre de « Chef de l’année », alors que le Liégeois était toujours installé rue des Carmélites. La liste des "Chefs de l'Année" établie depuis son arrivée  à la direction ne souffre d’aucune erreur. Alors qu'il avait été par le passé un peu retenu dans sa cotation du restaurant D'Eugénie à Emilie, à Baudour, suite à un problème de cuisson sur un plat, c’est à lui qu’Eric Fernez doit d’avoir obtenu cette année cette récompense ultime, un choix plus audacieux qu’il n’y paraît, proposé et défendu bec et ongle par cet amateur d’une cuisine gourmande, mais où la créativité reste attendue. 

Ses positions éditoriales ont sans doute souffert d’être reprises dans un guide certes sérieux, mais complétement dépassé en terme d’objet. De manière assez injuste, Gault&Millau souffre depuis quelques années d’un déficit d’images par rapport à Michelin alors que les vraies découvertes sont plutôt à mettre au crédit du guide jaune. Mais çà, c'est une autre histoire. D’autres aventures gourmandes attendent cet épicurien affirmé, et plus que jamais autour d’une table. On l’y retrouvera avec plaisir.